L'Origine des Maux - Thalia Darnanville

L'Origine des Maux - Thalia Darnanville

Chapitre 4 - La dernière feuille de salade

4    Axelle - Vendredi

 

Lorsque j’arrive à la crèche, à voir le large sourire qui se dessine sur son visage et ses grands yeux bleus pétillants de joie, je me sens érigée au rang de super-héros ! Il en faut peu à cet âge-là pour être heureux.

Il met sa petite main toute chaude dans la mienne, la serre avec force et douceur à la fois et je fonds devant cette boule d’amour inconditionnelle.

Sur le chemin du retour, j’atterris directement sur le répondeur de Sarah et lui laisse un message. L’instant d’après, je retombe en enfance, jouant au chat, au chien ou encore à la souris, quand je ne me transforme pas en carotte que Robin le lapin a décidé de s’offrir en plat de résistance à grand renfort de guilis.

À 19h, toujours pas de Sarah. Je laisse un message à Rémi pour qu’il vienne manger avec nous après son cours de guitare.

 

Après les meilleures pâtes du monde, une compote, un carré de chocolat et quelques fous rires, le repas s’achève. Je ne peux m’empêcher de regarder mon téléphone en espérant y trouver des nouvelles. Rémi veut retrouver sa tablette chérie et Robin réclame des câlins de sa maman ; il semblerait que les miens ne lui suffisent plus.

À treize ans, Rémi n’est plus tout à fait ce que j’appelle un petit garçon, c’est déjà presque un jeune homme. Il s’exprime avec la voix d’un monstre en mutation et son menton laisse deviner un léger duvet, qui n’enlève rien à la douceur de sa peau. Mais c’est aussi un grand sauvage, qui aime ses habitudes et son chez lui. Pour temporiser, je l’envoie chercher sa tablette, ainsi que le doudou et le pyjama de son frère. Il n’y a qu’un étage qui sépare nos deux appartements. Je les imagine un instant dormir dans leurs lits et moi dans le mien juste au-dessus d’eux, mais je chasse aussitôt cette pensée, c’est inenvisageable.

À 20h30, Robin réclame sa maman avec de plus en plus de force. Il est fatigué, énervé. Je tente de lui lire une histoire, mais me confronte à un mur de pleurs et de cris. Mes bras ne l’intéressent plus. La boule d’amour s’est soudainement transformée, bien avant les douze coups de minuit, en une caravane de colère et de tristesse.

Il en faut si peu à cet âge-là pour que ça dérape.

 

21h sonnent à l’église d’en face quand j’abdique et descends d’un étage pour que mes deux tortionnaires retrouvent leurs lits. Après tout, le canapé est plutôt confortable, vu le nombre de fois où je m’y suis assoupie en les gardant…

 

22h10, tout est enfin silencieux, même Rémi semble s’être endormi. Seul mon cœur s’emballe, en pensant à Sarah qui n’a toujours pas donné signe de vie.

 

...

 

Pour lire la suite, rendez-vous ici.



18/10/2023
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi